Fable d'Esope : le cheval et l'âne

Le cheval et l'âne

"Un homme avait un cheval et un âne. Un jour qu’ils étaient en route, l’âne, pendant le trajet, dit au cheval : « Prends une partie de ma charge, si tu tiens à ma vie. » Le cheval fit la sourde oreille, et l’âne tomba, épuisé de fatigue, et mourut. Alors le maître chargea tout sur le cheval, même la peau de l’âne. Et le cheval dit en soupirant : « Ah ! je n’ai pas de chance ; que m’est-il arrivé là, hélas ! Pour n’avoir pas voulu me charger d’un léger fardeau, voilà que je porte tout, avec la peau en plus. »

Cette fable montre que, si les grands font cause commune avec les petits, les uns et les autres assureront ainsi leur vie."

Esope. Fables.

Manuscrit BNF (côte Français 15213) XIVe siècle.

Comments

[wissalou31]

Cette fable est très importante maintenant

[paulette06]

Super, ce blog !

[Gérazade]

La galanterie n'est-elle pas, chez les hommes, l'art de dissimuler, derrière des manières élégantes et apparemment désintéressées, de tout autres desseins ?
Que, dans l'immense majorité des cas, cela ne débouche sur rien de plus n'est ni une raison, pour les hommes en question, de cesser de se comporter de façon dite galante (car, pour récolter un peu, il faut semer généreusement) ni une raison pour croire à la pureté de leurs intentions.
N'est-il pas étonnant, en effet, de voir combien plus nombreux sont les hommes galants (s'offrant à réparer un pneu crevé, s'effaçant pour laisser passer, partageant leur parapluie, etc.) lorsqu'il s'agit de femmes jeunes et/ou jolies que s'il s'agit d'une mère surchargée d'enfants ou d'une vieille dame ?
Ceci dit, l'éducation, la force de l'habitude, la crainte de remords, l'espoir d'un sourire ou d'un merci, le regard des personnes qui les accompagnent, etc. font que bien des hommes sont néanmoins serviables à l'égard des femmes de tous âges et tous sex appeal, sans espoir particulier, comme ils le sont alors aussi vis-à-vis des garçons, des hommes et des vieillards en difficulté.
Non ?

[cornebleue]

Il s'agit plutôt dans l'illustration de ce manuscrit d'une représentation d'animaux asexués...
Intéressante remarque sur la galanterie : il y aurait donc un "intérêt" de l'homme fort à défendre la faible femme ? :.)

[donkey]

Curieux paradoxe : le texte parle d'âne et de cheval, l'image décrit plutôt une ânesse et une jument...
Ceci dit, cela ne change rien à la (belle) morale de l'histoire : l'aide du fort au faible est non seulement morale (parce que dans l'intérêt du faible) mais aussi dans l'intérêt du fort : c'est magnifique !
La dite galanterie, un peu vite magnifiée en tant qu'altruisme, ne relève-t-elle pas aussi de cette double logique ?
Et, de même, un maître qui laisserait dépérir son esclave ne serait plus maître de rien.
Que c'est exigeant d'être fort ou riche !