La prose de l'âne
Il n'était pas rare au Moyen-âge de reconstituer des scènes bibliques avec des vraies personnes et ... l'âne. Scène de la Nativité, de l'entrée à Jérusalem...
Bête humble par excellence, il se devait d'être accueilli dans l'église plus que tout autre animal. Ces cérémonies joyeuses étaient très appréciées du peuple. On faisait parfois entrer l'âne recouvert d'un manteau dans l'église parce qu'un verset de saint Matthieu relate que les disciples de Christ amenèrent à lui l'ânesse et son ânon et les couvrir de vêtements. A cette occasion se chantait la famause "prose de l'äne".
La prose de l'âne de Pierre de Corbeil, archevêque de Sens, mort en 1222
L'âne est venu à nous, des contrées de l'Orient, il est beau, il est très fort, très apte à porter des fardeaux, Allez Sire Âne, allez
Cet âne élevé sous Ruben, sur les colline de Sichen, passa par le Jourdain et bondit jusqu'à Bethléem, Allez Sire Âne, allez
Son agilité surpasse celle des jeunes faons, des daims et des chevreuils, les dromadaires mandianites ne l'égalent pas en vitesse. Allez Sire Âne, allez
La force et les qualités de l'âne ont attiré en l'église l'or de l'Arabie avec l'encens et la myrrhe de Saba, Allez Sire Âne, allez
Quand il entraine son véhicule chargé d'un abondant bagage, il broie sa provende sous l'effort de sa dure mâchoire. Allez Sire Âne, allez
Il mange l'orge et épi ainqi que le chardon; il sépare sur l'air le grain d'avec la paille. Allez Sire Âne, allez
Dites Amen Ô âne. Déjà vous avez de l'herbe à satiétié. Amen et à nouveau amen ! rejeter au rebus tout le passé caduc : Allez Sire Âne, allez
Le sens de la prose de l'âne
Au delà des apparences, les médiévistes voient dans cette prose une allégorie dans laquelle le Christ Sauveur apparaît aux avertis : venu d'Orient, alerte et rapide messager du salut... séparant les élus d'avec les maudits (voire ci-dessus les passages en vert correspondants).