Faire voir l'Enfer !

Pourquoi les chapiteaux romans sont-ils couverts de monstres difformes et effrayants ?

Alors que la population lettrée est très réduite, il faut faire comprendre aux gens qu'une conduite déviante par rapport à ce que dicte l'Église ne peut que mener en Enfer. Mais l'Enfer, ce n'est qu'un mot ! Il faut le faire voir pour convaincre qu'il vaut mieux ne pas y aller.

Traditionnellement, l'Enfer est un endroit où les rochers découpés ne sont visibles qu'au travers des flammes. Mais surtout c'est un monde peuplé de monstres et de diables à l'aspect aussi effrayant que leurs actes cruels, et destinés à, pédagogiquement, inspirer la peur !

Les chapiteaux de Chauvigny en offrent une grande variété. Qui aurait pu vouloir  au XIIe siècle, subir ce supplice en risquant d'aller à en enfer ?

Collégiale Saint Pierre de Chauvigny - Chapiteau du chœur.
Photo : Romanes.com

Romanes.com est un site très interessant sur l'art roman et gothique. Les illustrations des sites sont de très bonne qualité. A visiter !

Comments

[Cornebleue]

Je pense également qu'on jouait plus à l'époque sur la peur des gens que sur la promesse de paradis. En revanche, pour ce qui est de l'application réelle des peines infligées au déviants (était-ce là aussi une annonce de ce qui les attendait en enfer en cas de récidive ?), je me renseigne ! :.) Que de travail aujourd'hui !
Le numléro 620 d'Historia (Août 1998) avait consacré son dossier aux peurs du Moyen Age : je vais m'y replonger.
Bon après midi.

[Barnière]

Que, aux époques dont il est question, les représentations artistiques (et leurs évocations, lors des prêches) des supplices de l'enfer aient contribué à dissuader les gens de se livrer sans retenue (et culpabilité) à leurs diverses passions coupables, je veux bien le croire.
Mais quelle a été l'importance relative de leur rôle, comparativement à la pression sociale, qui s'exerçait d'autant plus facilement que les gens vivaient les uns sur les autres dans des communautés de taille assez réduite et se surveillaient mutuellement ? Pression sociale confortée par les châtiments, terrestres eux, que le bras armé de l'Eglise infligeait aux déviants : à ceux qui ne croyaient pas assez aux flammes éternelles pour s'aligner sur les préceptes de l'Eglise, on appliquait, entre autres joyeusetés, des flammes bien réelles...
Personnellement, je pencherais pour un rôle mineur de la carotte (le paradis) et pour un rôle majeur du bâton, avec forte primauté du bâton terrestre et rôle accessoire du bâton éternel (l'enfer, et ses représentations).
Des textes d'époque abordant ces questions ont-ils survécu aux probables tentations de gommer (par des autodafés - encore le feu purificateur) toute trace des doutes fondamentaux qui devaient parfois saisir clercs et gens du peuple, qu'on dit souvent pleins de bon sens ?

[Hespera]

J'ai hâte de le lire ! :-)

[Cornebleue]

La symbolique des couleurs comme celle des animaux change constamment en fonction des lieux et des périodes. Le rouge n'est donc pas toujours lié à l'Enfer. Par exemple, chez les étrusques le démon des Enfers était bleu... Je tenterai de faire un billet sur les couleurs de l'Enfer ! :.)

[Hespera]

Il y a là de quoi faire d'affreux cauchemars ! Les chrétiens devaient vivre dans la crainte s'ils croyaient en ces monstres aux gueules ouvertes...
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Le rouge était-il la couleur utilisée traditionnellement dans les représentations de l'enfer ?