Bonnet d'âne
Pourquoi l'âne depuis l'Antiquité symbolise-t-il la bêtise ?
L'âne souffre d'une mauvaise image depuis l'Antiquité, dans la tradition gréco-romaine. Comparé au cheval, il incarne la bas peuple, la bête de travail, l'obstination, le porteur de lourde charge et en plus, il est commun... alors que le cheval, monture noble est réservé au chef. Être âne est une punition : selon Platon, ceux qui se conduisent mal verront leur âme réincarnée en âne ! Midas est affublé d'oreilles d'âne pour s'être moqué de la musique d'Apollon. Or l'âne n'a pas l'oreille musicale : la fable de Phèdre "l'âne_et_la_lyre" nous l'a bien dit. L'âne est aussi réputé pour sa sexualité bestiale : il est entré en compétition avec Priape... mais a perdu. Il s'oppose dans ce cas à l'oiseau, symbole de sentimentalité.
En revanche, la tradition orientale lui fait une place tout différente : l'âne est apprécié en Palestine. Dans la Bible, il est souvent la monture du Christ (fuite en Egypte, entrée à Jérusalem) et est alors considéré comme psychopompe (guide d'âme).
La tradition gréco-romaine semble mépriser les animaux "serviteurs" et serviles comme l'âne, peut-être parce que ce dernier a commis au yeux de l'humanité une grave erreur. Les hommes avaient en effet posé un présent de Zeus, la jeunesse, sur le dos d'un âne mais il s'arrêta pour boire à une source gardée par un serpent. Le reptile demanda en échange de l'autorisation de boire, le présent que l'âne portait sur son dos... Ainsi les hommes perdirent à jamais la jeunesse éternelle alors que le serpent change de peau régulièrement.
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La symbolique de l'âne dans l'Antiquité, Anthropozoologica 2001, no33-34, pp. 23-28, ISSN 0761-3032